Durant ce premier semestre 2025, Radio Ondaine a accompagné des étudiants de Télécom Saint-Etienne en Bachelor 3 Communication et Design Digital. Nous vous invitons à écouter leurs productions, micro-trottoirs et interviews, du mardi 17 au vendredi 20 Juin et du mardi 24 au vendredi 27 Juin, à 10h et à 15h.
Joris Pellegrin, Julie Joubert, Chloé Jacob
NOTE D’INTENTION – Micro-trottoir
Cadre : Projet d’étude – Bachelor Communication & Design Digital
Structure du tournage : Telecom Saint-Etienne, en collaboration avec Radio Ondaine
Contexte et objectifs
Dans la continuité de notre exploration des addictions et, plus précisément, de la
surconsommation des écrans, nous avons choisi de réaliser un micro-trottoir. L’objectif est
de recueillir la perception du grand public afin de :
● prendre la température sur les usages réels (nombre d’écrans, durée d’exposition,
contextes d’usage) ;
● évaluer la conscience qu’ont les individus d’un possible phénomène de dépendance ;
● repérer les représentations sociales de l’addiction et la frontière que chacun trace
entre usage intensif et dépendance ;
● identifier empiriquement des pistes de solutions ou de régulation déjà mises en
place.
Méthodologie
● Format : entretiens courts (1 à 2 minutes), enregistrés en une prise et diffusés
ensuite montés comme un seul contenu sur nos trois web-radios.
● Lieu : Campus de Télécom Saint-Étienne.
● Échantillon visé : une dizaine de personnes, volontairement variées (adolescents,
étudiants, actifs, parents…).
● Guide d’entretien :
- Sexe, âge, profession.
- “Pour vous, qu’est-ce qu’une addiction ? »
- Nombre d’écrans au domicile.
- Estimation du temps d’écran quotidien.
- Usage principal (travail, loisirs, réseaux sociaux, etc.).
- Sentiment de ne pas pouvoir se passer des écrans ?
- Conséquences observées (physiques, psychologiques, sociales).
- Stratégies de réduction déjà testées ou envisagées.
Les enregistrements obtenus serviront de contenu pour nos web-radios.
RÉSUMÉ COMPLET DU MICRO-TROTTOIR
Profil des répondants
Nous avons interrogé dix personnes, Les 15-24, 25-44 et 45-64 ans forment 3 tiers à peu
près égaux d’échantillons. Cette diversité nous a permis de confronter des usages et des
représentations très contrastés.
Principales idées
● Définition spontanée de l’addiction
La majorité parle de « dépendance », de « perte de contrôle » ; un petit nombre réserve
encore le mot aux substances.
● Nombre d’écrans et temps d’exposition
Les foyers déclarent posséder en moyenne quatre écrans. Le temps quotidien varie
fortement : certains estiment moins de trois heures, d’autres admettent dépasser
neuf heures.
● Sentiment de dépendance
Plus de la moitié reconnaît avoir déjà « du mal à décrocher », surtout à cause des
notifications et de la peur de manquer une information (FOMO).
● Conséquences citées
Troubles du sommeil, baisse de concentration et douleurs oculaires reviennent le
plus souvent. Quelques personnes mentionnent l’isolement ou les tensions
familiales.
● Stratégies de régulation
Les solutions vont de l’utilisation d’applications de contrôle du temps d’écran à la
simple décision de laisser le téléphone dans une autre pièce. Un quart des
personnes interrogées n’a mis en place aucune mesure concrète, malgré la
conscience d’un usage excessif.
● Perception globale
Si tous admettent que les écrans prennent une place immense, seuls quelques-uns
emploient le terme addiction pour qualifier leur propre comportement ; la plupart
parlent plutôt d’ » habitude » ou de « nécessité ».
Ce micro-trottoir nous montre :
● des avis de personnes sans filtre pour ancrer nos émissions dans la réalité
quotidienne ;
● un contraste générationnel présent ;
● des pistes de bonnes pratiques à valoriser.
Il met aussi en évidence le décalage entre la perception populaire et la définition médicale
de l’addiction.
Interview : Caroline Guiguet, coordinatrice de réseau – LoiréADD
Dans le cadre de notre projet académique en Bachelor Communication et Design Digital,
nous avons choisi d’explorer la thématique des addictions et plus particulièrement celle liée
à l’usage excessif des écrans. Nous avons souhaité intégrer le point de vue d’une experte
du domaine.
Nous avons eu l’occasion d’échanger avec Caroline Guiguet, coordinatrice de réseau
addictions chez LoiréADD, une structure engagée dans la prévention, la sensibilisation et
l’accompagnement autour des conduites addictives.
Son rôle en tant que coordinatrice l’amène à travailler aux côtés de nombreux acteurs du
territoire ligérien : professionnels de santé, établissements scolaires, collectivités et
structures sociales. Elle est particulièrement attentive à l’évolution des pratiques numériques
et à leurs répercussions sur la santé mentale et sociale des individus. Lors de notre
entretien, elle nous a permis de mieux comprendre :
● les mécanismes de dépendance liés aux écrans
● les facteurs psychologiques, sociaux et technologiques favorisant cette
surconsommation
● les conséquences possibles, tant sur le plan physique que relationnel
● les solutions concrètes pour prévenir ou accompagner une situation de dépendance.
Son intervention a offert un regard professionnel, bienveillant et nuancé, notamment sur
l’usage des écrans chez les jeunes et les familles. Elle a également mis en lumière
l’importance de la prévention en amont, par l’éducation, la sensibilisation et l’auto-régulation
des pratiques numériques.
Nous tenions à remercier chaleureusement Mme Guiguet pour sa disponibilité, la clarté de
ses propos, et l’expertise précieuse qu’elle a apportée à notre projet. Son témoignage nous
a permis d’enrichir notre réflexion et d’apporter une couche de crédibilité scientifique à notre
travail de vulgarisation.
RÉSUMÉ COMPLET DE L’ENTRETIEN AVEC CAROLINE GUIGUET
Caroline Guiguet se présente comme coordinatrice du réseau LoiréADD, un dispositif de
coordination entre les acteurs de la prévention, de l’accompagnement et du soin dans le
champ des addictions, qu’elles soient liées à des substances (alcool, tabac, drogues) ou à
des comportements (jeux, écrans, achats…).
Définition de l’addiction
L’addiction se caractérise par l’incapacité de s’abstenir d’un comportement ou de
consommer une substance, malgré la volonté d’arrêter. Ce n’est pas une question de
motivation personnelle : même avec des stratégies de contrôle, la personne est débordée
par le besoin.
Aujourd’hui, l’addiction aux écrans n’est pas officiellement reconnue par la communauté
scientifique. Le terme est souvent utilisé dans les médias ou par certains professionnels.
Seule l’addiction aux jeux vidéo est officiellement reconnue (et encore, avec des différences
selon les classifications internationales). On parle donc de trouble de l’usage des écrans,
une notion plus nuancée.
Les principaux signes sont :
● Un changement de comportement ;
● Une présence mentale constante des écrans, même en leur absence ;
● Des troubles de l’attention ou du sommeil ;
● Une perte d’intérêt pour les autres activités ;
● Des difficultés relationnelles (isolement, conflits familiaux).
Ces signes ne suffisent pas à eux seuls à poser un diagnostic : il faut une accumulation
d’éléments sur la durée, et parfois une comorbidité (autres troubles associés).
Les écrans concernent toutes les générations, mais avec des usages différents :
● Les jeunes sont souvent dans un rapport plus compulsif, notamment sur les réseaux
sociaux ou les jeux vidéo.
● Les personnes âgées peuvent développer un usage problématique lié à l’isolement,
comme jouer toute la journée sur une tablette.
L’intervenante insiste sur le fait que notre société numérisée rend presque impossible
d’échapper aux écrans, que ce soit pour les démarches administratives, l’accès à
l’éducation, à la culture ou à la santé.
L’éducation au numérique est essentielle. Il ne s’agit pas d’interdire les écrans, mais
d’apprendre à en faire un usage raisonné, adapté à l’âge, au contexte, et de préserver
d’autres activités (sociales, sportives, créatives). Le rôle des adultes est primordial dans cet
accompagnement.
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