Durant ce premier semestre 2025, Radio Ondaine a accompagné des étudiants de Télécom Saint-Etienne en Bachelor 3 Communication et Design Digital. Nous vous invitons à écouter leurs productions, micro-trottoirs et interviews, du mardi 17 au vendredi 20 Juin et du mardi 24 au vendredi 27 Juin, à 10h et à 15h.
Laura Fauconnet-Thoinon, Maxence Ducat et Coline Goubert
À travers une série de témoignages sincères et poignants, ce micro-trottoir donne la parole à
une dizaine de personnes, issues de diverses catégories socio-professionnelles, âgées de 19
à 56 ans. Ces voix reflètent une diversité de regards, mais convergent toutes vers un constat
alarmant, les violences conjugales sont une réalité encore trop présente, trop ignorée, et
surtout trop silencieuse.
En 2024, 10 % de la population en France est victime de violences conjugales. Derrière ce
chiffre froid, une vérité glaçante : 85 % des victimes sont des femmes, et 86 % des mis en
cause sont des hommes. Ces données, issues de la Sécurité intérieure, ne sont pas de simples
statistiques. Elles traduisent un déséquilibre, un rapport de domination encore bien ancré,
souvent lié au patriarcat, comme le suggèrent plusieurs personnes interrogées.
Ce que révèlent ces témoignages, c’est que la violence ne porte pas toujours de traces
visibles. Elle peut être physique, bien sûr, c’est le cas dans deux tiers des situations
enregistrées, mais aussi psychologique, verbale, financière, économique, ou encore
administrative. Elle peut s’incarner dans une emprise, une soumission, une privation de liberté,
ou dans cette volonté insidieuse de « gérer la vie de l’autre ». Autant de formes, autant de
souffrances, souvent invisibles, souvent tues.
Car l’un des points les plus marquants soulevés par les participants, c’est cette capacité des
victimes à se cacher, à dissimuler. Par peur, par honte, ou tout simplement par habitude,
certaines femmes battues ne parlent pas. Et c’est là que réside l’un des plus grands dangers
“le silence”. Ce silence, qui enferme, qui isole, qui tue à petit feu.
La violence conjugale n’est pas une affaire privée. Elle affecte tout un entourage. Les enfants,
les proches, les collègues. Elle peut entraîner dépression, troubles psychologiques, voire des
séquelles physiques durables. Ce fléau est un problème de société, et c’est en ce sens que
chacun de ces témoignages prend toute sa valeur. Car c’est par la parole, par l’écoute, par
l’éducation même imparfaite, même informelle que l’on peut faire évoluer les consciences.
Les personnes interrogées rappellent qu’il est possible de briser ce cycle. D’en parler à
quelqu’un de confiance. De se tourner vers des structures d’aide. Le numéro 3919, gratuit et
anonyme, ou le site arretonslesviolences.gouv.fr, sont autant de points de départ pour trouver
écoute, accompagnement, protection.
Interview de Caroline Gaillard.
Animée par Laura, Coline et Maxence, cette émission s’inscrit dans un projet étudiant visant
à sensibiliser et informer sur les violences conjugales, sexistes et intra familiales. Chaque
année, des milliers de personnes sont concernées. En 2023, 191 679 victimes de violences
intrafamiliales ont été recensées en France, soit une hausse de 8 % par rapport à 2022.
Pourtant, une grande partie des victimes reste encore silencieuse.
Caroline Gaillard, psychologue à Saint-Étienne et invitée de cette table ronde, accompagne
depuis des années enfants et familles confrontés à ces violences. Formée à la criminologie
et à la médecine légale, elle a travaillé en service d’aide aux victimes, puis en libéral et comme
experte auprès des tribunaux. Elle explique que la prise de conscience est difficile, notamment
lorsque les violences débutent dès la première grossesse, souvent dans des relations très
fusionnelles où l’emprise s’installe subtilement. Souvent, le déclic ne survient que lorsque
l’enfant est touché.
Caroline insiste, les enfants exposés aux violences conjugales, même sans être directement
frappés, en subissent les mêmes conséquences psychologiques. Troubles du comportement,
du sommeil, de l’alimentation : les signaux sont nombreux, mais parfois discrets. Beaucoup
d’enfants ne dénoncent pas, car pour eux, ce qu’ils vivent est la norme.
Elle souligne également que la violence conjugale repose souvent sur une emprise, une
dépendance affective forte, et une banalisation parfois héritée d’un schéma familial. Aider une
victime demande du temps, de la patience et surtout de respecter sa temporalité. Il ne s’agit
pas de brusquer, mais de tendre des perches, de rappeler que cette violence n’est ni normale
ni légale.
Caroline travaille main dans la main avec des associations et constate une réelle évolution :
la parole des enfants est mieux entendue, la psychologie est plus présente, et les institutions
plus réactives. Son message est clair : faire confiance aux professionnels et ne pas sous
estimer la puissance d’une parole, même d’une plainte classée. L’intervention de la loi, même
imparfaite, peut briser la chaîne de la violence.
L’émission se conclut en remerciant Caroline Gaillard pour son éclairage et rappelle que parler
est déjà un premier pas vers la libération.
Podcast micro-trottoir :
Podcast interview :
